Quant au calendrier bordelais, qu’en est-il de la fête des fleurs, ce grand rendez-vous printanier du monde du vin à Bordeaux ?
Nous envisageons la possibilité d’annuler cet événement. Officiellement, la décision sera prise cette semaine. Il y aurait quelque chose d’indécent à vouloir maintenir un événement festif qui n’est pas indispensable au commerce bordelais aujourd’hui. Ce n’est pas raisonnable. Le conseil d’administration statuera par voie de consultation écrite. La tendance forte est à l’annulation avec un possible report à la période des vendanges, pour tenter d’instaurer à ce moment un événement qui s’appellera « l’interdiction de récolte ». Il faut y aller étape par étape. Mais force est de constater que la fête des fleurs ne peut être célébrée en juin comme si de rien n’était.
Et que dire de la campagne des primaires, qui devait avoir lieu en avril. Ce qui va se passer?
J’ai entendu dire qu’il y en a qui veulent à tout prix maintenir la campagne des primeurs en avance avant l’été. Cela me paraît illusoire dans le contexte actuel. Je serais ravi, comme tous les propriétaires, de pouvoir réaliser une campagne d’apprêt à ce moment-là. Mais encore une fois, il faut être un peu décent. Les États-Unis seront en confinement, le Japon sera en confinement… On s’en sortira à peine et la moitié des commerçants seront touchés financièrement, car il y aura eu très peu de ventes. Les critiques n’auront pas eu l’occasion de déguster les vins, nos clients ne seront pas venus à Bordeaux pour se renseigner sur le millésime… Vouloir forcer la main à tout prix sur les marchés me semble être une preuve d’arrogance dont nous n’avons pas besoin. Il serait plus prudent d’attendre le début de l’automne si l’on veut avoir une bonne campagne de produits primeurs. Enfin, entre la campagne primeur précoce des grands millésimes, qui a généralement lieu entre mi-mai et fin juin, et un report aux mois de septembre et octobre, il n’y a que 3 mois de décalage. Compte tenu de l’époque dans laquelle nous vivons, cela ne me semble pas dramatique.
Mais la première campagne Primeur doit absolument avoir lieu…
Le pire serait de ne pas faire de campagne d’amorçage car c’est un élément distinctif des Grands Crus de Bordeaux. Cela nous donne une vision globale. Si nous ne l’organisons pas, nous serons d’accord avec certains de nos détracteurs, qui se feront un plaisir de dire que les primeurs de Bordeaux ne servent à rien.
Certains propriétaires ont décidé d’organiser leur propre campagne primeurs. Autrement dit, ils ont choisi d’aller eux-mêmes sur les marchés américains et asiatiques, le plus tôt possible… Qu’est-ce que tu penses?
Dès que nous pourrons remonter dans les avions avec une sécurité optimale, je serai le premier à dire que c’est à notre tour d’aller voir nos clients. Je serai certainement le premier à me rendre à Vinexpo à Hong Kong pour présenter le millésime 2019 à nos clients asiatiques. Mais je ne vois pas le bout du tunnel avant la fin de l’été. Il faut savoir à qui s’adresser, quels sont les marchands qui sont prêts à acheter du vin… Il faut savoir à qui s’adresser, quels sont les marchands qui sont prêts à acheter du vin…